Stars du cannabis : Marc Emery


Stars du cannabis : Marc Emery
Steven Voser

Marc Emery s'est fait connaître mondialement ces 20 dernières années en tant qu'activiste invétéré et entrepreneur. Mais qui est Marc Emery ?

Marc Emery, un activiste et fin connaisseur canadien du cannabis est connu pour ses revendications passionnées. Toujours prêt à combattre, Emery a aidé à mener et porter à bien le débat sur la légalisation par-delà les frontières.

Marc Emery est un activiste canadien de longue date qui s'être battu pour de nombreuses causes libertaires. Parmi ces causes, on retrouve celle de la lutte pour le cannabis depuis au moins 30 ans. Il a plus récemment fait les gros titres des médias internationaux pour une arrestation dramatique concernant la marijuana. Il a été arrêté à l'aéroport alors qu'il était en chemin pour un festival et une exposition espagnole sur le cannabis.

Peu importe les charges pressées contre lui à ce jour, il existe un thème commun à ses poursuites. Emery est connu pour sa dévotion à la plante et cela va sans dire, la passion générale dont il sait faire preuve.

Son activisme lui a valu le gain de nombreux fidèles tout au long de ses batailles. Mais les détracteurs ne sont également jamais très loin. Cela étant dit, nul ne peut contredire qu'il a toujours été sur le fil du rasoir dans les divers débats auxquels il a participé. La légalisation du cannabis est simplement le débat le plus polémique d'entre tous.

QUI EST LE « PRINCE DE L'HERBE » ?

Emery est un entrepreneur, un politicien libertaire et un activiste canadien. Il a également été emprisonné plusieurs fois.

Ses premiers efforts entrepreneuriaux ont débuté dès sa jeunesse. À l'âge de 9 ans, il a lancé une entreprise de timbres. Deux ans plus tard, il a ouvert une compagnie d'achat de bande dessinée par courrier. À ses 17 ans, Emery est parti du lycée pour poursuivre ses rêves. C'est après cela qu'il a ouvert sa première librairie.

Son activisme politique a également débuté très tôt. Il a participé à la campagne du Nouveau Parti Démocratique en 1979. C'est grâce à ses propres efforts qu'il a pu maintenir une fonction politique et il était déjà connu à l’époque pour ne pas avoir froid aux yeux. En effet, c'était sans peur qu'Emery se lançait dans des batailles contre les législations. Cela inclut notamment la lutte pour engager du nouveau personnel qui travaillerait les dimanches. Il s'est également mis à vendre des produits illégaux.

Lorsqu'Emery a déménagé à Vancouver en 1994, sa lutte pour le cannabis s’est durcie d'un cran. Il a ouvert une boutique appelé Hemp BC. Cela a en revanche joué un rôle important dans l'expansion de l'industrie au Canada qui était alors encore infime, en une industrie du cannabis imposante. À cette époque, les bongs et les pipes étaient illégales. Plus tard cette année-là, Emery a également gagné le droit via une contestation judiciaire, de vendre le High Times Magazine.

En 1995, il est finalement apparu dans le Wall Street Journal grâce au succès de son entreprise de graines de cannabis. C'est à ce moment-là qu'est née sa reconnaissance médiatique mondiale.

L'INFLUENCE D'EMERY DANS LE COMBAT POUR LA MARIJUANA

Emery a de nombreuses fois mis sa parole et son argent en jeu pour la cause. Cela a pris des tournures relativement créatives, tel que des défis politiques. On retrouve par exemple des efforts via ses entreprises pour défier et contourner les nouvelles lois. Il a également mis à profit les nouveaux médias de manière très efficace. Il a su tirer parti de ses confrontations judiciaires pour attirer l'attention des médias sur lui afin de pouvoir légitimer le cannabis.

On ne peut pas nier que c'est un politicien très malin. En 2000, il a participé à la création du Marijuana Party of Canada devenant ainsi le président de la branche du British Columbia. Avec ce poste, il n'a pas cessé une seule fois depuis de relancer le débat, pour ne pas dire l'agenda politique sur la légalisation au Canada.

En 2003, tandis que le débat sur la légalisation au Canada n'avançait pas dans la bonne direction, il a initié le « Summer of Legalization Tour ». Cette tournée a traversé 18 villes à travers tout le pays pour encourager les gens à fumer leur herbe face aux policiers. Le but ? Prouver aux politiciens que le cannabis était déjà légal dans le pays.

MARC EMERY CONTRE-ATTAQUE

Tandis qu'Emery prospérait peu à peu et gagnait en visibilité, il a également commencé à subir de plus en plus de refus de la part des autorités. En 2004, il a servi 61 jours de condamnation sur une peine de 92 jours à Saskatoon. Il avait été condamné pour « trafic » sous prétexte qu'un témoin affirmait qu'il l'avait vu faire passer un joint.

En 2005, il a été arrêté par les autorités canadiennes sur demande des États-Unis. Son BC Marijuana Party Bookstore fut dévalisé et il fut simultanément arrêté en Nova Scotia alors qu'il participait à un festival sur le chanvre. Les États-Unis ne manquèrent pas de saisir l'occasion pour proclamer haut et fort qu'ils avaient réussi à mettre un terme à un réseau important de « trafic de drogue » et de « propagande ».

Libéré grâce à une caution de 50 000 $, il a ensuite dû se battre contre son extradition. Il a fini par retourner en prison après une négociation de plaidoyer dans laquelle il demandait la libération de ses amis qui avaient également été condamnés. Il a fait 4 années d'une condamnation de 5 dans des prisons fédérales de Géorgie et du Mississippi. Il a pu revenir au Canada en 2014 après sa libération.

LA LIBERTÉ D'EMERY TOUJOURS EN JEU

Emery a clairement payé un prix financier et personnel pour son implication dans la cause. L'idée aujourd'hui d'aller en prison pour distribution de cannabis est un concept inimaginable. S'imaginer que le gouvernement américain puisse extrader et emprisonner un étranger issu d'un autre pays pour de telles activités est encore pire.

Étant clairement un produit de son époque, les problèmes juridiques d'Emery ont permis d'attirer fortement l'attention sur la lutte pour la légalisation. Et ce sont finalement ces problèmes qui ont permis d'alimenter la prochaine génération d'activisme dans plusieurs pays. En fait, il est difficile de comprendre l'influence qu'Emery a eue dans la compréhension globale du débat. Même si ses libertés individuelles ont été sacrifiées.

Encore aujourd'hui, Emery continue à être sujet aux controverses ou tout du moins, à faire avancer le débat. Sa femme et lui ont ouvert six dispensaires Cannabis Culture au Québec depuis décembre 2016, et cela, même si le cannabis est en plein changement juridique vis-à-vis de la légalisation. Les deux amoureux ont quand même été arrêtés suite à ça, mais plus déterminé que jamais, Emery a refusé d'arrêter l'ouverture de nouveaux dispensaires.

Ils ont de nouveau été arrêtés alors qu'ils planifiaient simplement d'aller visiter le Spannabis de l'hiver dernier. Ils ont été condamnés pour conspiration d’acte criminel et trafic.

Depuis mars 2017, les dispensaires d'Emery à Toronto, Hamilton et Vancouver ont été contrôlés à l'aide de mandats de perquisition par la police dans l'optique de lutter contre les dispensaires de marijuana.

Aujourd'hui, le couple a été interdit de toute possession ou consommation de marijuana.[1] Ils ont pour interdiction d'entrer dans les prémices de leurs anciennes boutiques. Ils sont également bannis de pouvoir gérer quelconque affaires liées à ces boutiques. Malgré cela, les dispensaires continuent de fonctionner.

Le combat continue.

QU'EST-CE QUE L'AVENIR DE MARC EMERY LUI RÉSERVE ?

Emery va très certainement continuer à agir telle une épine dans le pied des autorités. Pourquoi ? Il a tellement repoussé la barrière légale du débat et d'une façon qui lui est tellement propre qu'aujourd'hui, ses efforts ont permis de redéfinir la question à une échelle mondiale. En d'autres mots, pourquoi Emery devrait-il faire de la prison pour distribution de produits légaux ? Et de toute manière, pourquoi quelqu'un devrait en avoir peur ?

Étant donné le changement national de l'environnement politique du canada, il y a très peu de chance qu'il continuera à subir des condamnations pour des manœuvres d'ouverture de librairies ou de dispensaires. D'ailleurs, à compter de l'an prochain, toutes les charges contre lui pourraient être abandonnées. Et difficile de savoir si c'est son intention de vouloir remettre de l'huile sur le feu.

L'activisme et l'esprit d'entreprise d'Emery ont sans conteste permis de voir tout ce qu'il reste encore à faire pour permettre l'avancée du mouvement. Attendez-vous à le voir surfer sur la vague verte et sur les controverses pendant encore quelques années.

Les références

  1. ^ CBC, Prince of Pot Marc Emery and wife released on 30K bail and dispensary reopens, récupéré November-12-2018
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Steven Voser
Steven Voser

Steven est un vétéran de longue date du journalisme sur le cannabis et a exploré tous les aspects du sujet. Il s’intéresse particulièrement à la culture du cannabis, à la science émergente autour et à la façon dont elle façonne le paysage juridique dans le monde entier.